Dimanche soir, l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a "gaffé" de façon spectaculaire. Juste après minuit (heure de la Côte Est, 6h00 du matin en France), alors que les téléspectateurs attendaient le grand final, la remise du prix le plus prestigieux, au meilleur film, les présentateurs ont annoncé le mauvais film ! L’actrice Faye Dunaway et l’acteur Warren Beatty proclament LaLa Land, grand gagnant. Toutefois, à l’entame des discours de remerciements, il s'avérait que les présentateurs avaient reçu le mauvais carton et que c’était en réalité Moonlight, un film indépendant, qui avait remporté le prix principal.
Visiblement, l’Académie n’avait jamais fait de telle erreur (bien que le concours Miss Univers ait déjà fait de même en 2015) et cela s’est vu au travers des réactions confuses et gênées des protagonistes. En revanche, pour les traders en bourse, ce type de gaffe est, de manière surprenante, habituelle et peut avoir un impact financier important.
Un exemple :
En mars 2015, le Département américain de l'Energie (EIA) indique une production moyenne de brut de 9,422 millions de bpd. Les semaines qui suivent montrent un déclin de la production. Ceci signalait aux marchés que la production américaine a atteint un pic et qu’elle était à présent en plein déclin. Les prix du pétrole commencent à augmenter. Mais à la fin du mois de mai, l’EIA indique que la production de brut progresse de 304.000 barils par jour. Il s’est avéré que cette progression soudaine n’était pas le reflet d’une production en hausse. C’était une correction des chiffres publiés deux mois avant. Ces chiffres relatifs à la production avaient été estimés par l’EIA en utilisant un modèle déterminé. En mai, l’EIA détenait les véritables chiffres de février et mars. Au lieu rectifier les données précédentes, l’EIA les a glissés dans le rapport du 22 mai. Il s’agit là d’une énorme erreur avec des conséquences sérieuses sur le marché.
Depuis, l’EIA a changé la méthode concernant le rapport des données. En septembre 2015, l’EIA a cessé de se baser sur les agences statistiques afin de rapporter des chiffres, qui peuvent être en retard d’un mois, l’EIA est passé à une méthode d’enquête qui repose sur des échantillons produits dans plusieurs états et dans le Golfe du Mexique. Durant les périodes de volatilité sur le marché, les traders et les investisseurs s’appuient sur les chiffres hebdomadaires de l’EIA pour comprendre le marché et réagir en conséquence.
Si l’EIA avait indiqué les chiffres de production correctement, le prix du pétrole n’aurait jamais grimpé jusqu’à 60 $ ce printemps-là, puisque les traders auraient compris que la production américaine n’était pas en repli. A cette période, de nombreux opérateurs de marchés ont conclu que le pétrole avait atteint son plus bas en janvier à 49 $. En réalité le WTI n’a atteint son plus bas à 29 $ qu’en janvier 2016.
Deux leçons sont à tirer :
1) Comprendre la méthode de collecte, de traitement et de publication de l’information est aussi important que les chiffres eux-mêmes. Lorsqu’il s’agit de pétrole, collecter et annoncer des chiffres corrects chaque semaine est un défi qui n’est pas relevé avec ecactitude à chaque fois. Plusieurs sources d’information (par exemple API, Platts, IAE, JODI, TankerTrackers.com, et Thomson Reuters) sont utiles, mais les investisseurs doivent comprendre les inconvénients de chacune d’entre elles.
2) Restez éveillés et regardez le show jusqu’à la fin. On peut parfois être surpris par un rebondissement intéressant, voire rentable.